FLORES
Flores a été initialement écrit pour sept voix égales. Cette version est un arrangement pour quatre voix égales, piano et quatuor à cordes. La pièce s’inspire d’un motet de Guillaume Dufay, Nuper Rosarum Flores, composé en 1436 pour la consécration de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence. Elle s’organise en une succession de tableaux, ou épisodes. La pulsation est toujours la même, mais les thèmes successifs s’étirent ou se contractent, créant des sensations de vitesses différentes.
"Lise Borel s’inspire ainsi du motet isorythmique que Guillaume Dufay a composé en 1436 pour la consécration de la Cathédrale Sainte-Marie-de-la-Fleur de Florence. Guillaume Dufay a-t-il vraiment voulu reprendre les proportions de la cathédrale et du célèbre dôme de Filippo Brunelleschi, exploit architectural de 45,5 mètres de diamètre ? A-t-il plutôt retenu les dimensions bibliques du Temple de Salomon ? Plus sûr chez lui est l’emploi par deux ténors d’un thème de plain-chant spécifique à la dédicace, Terribilis est locus iste : « Cet endroit inspire le respect.» Dépassant l’exercice de style, Lise Borel ne se soumet pas pour autant à la dictature du cantus firmus. Plutôt que de sacrifier à la complexité des rapports numériques, elle privilégie l’opulence et la variété des idées, développe ainsi un discours dont les couleurs modales se frottent aux dissonances des séquences parlando. Alternant épisodes mélisma-tiques et passages syllabiques, elle multiplie les imitations et les canons, parfois sur de très brefs motifs, agrémente l’écriture rythmique de nombreux effets de hoquet (contretemps). Elle renoue surtout avec une pratique du chant dont le charme réside à la fois dans la sub-tilité de l’édifice polyphonique et dans la souplesse mélodique, de sorte que le mot se fond dans la fusion des parties vocales et instrumentales : cordes pizzicato et effets d’attaque des voix sur la voyelle A, jeu tremolo et chant sur une note. Et parce les différents épisodes sont encore liés entre eux par l’unique mesure à quatre temps, demeure cette idée du temps qui passe, toujours identique à lui-même et surplombant tout le reste."
François-Gildas Tual

